Jeep. En 75 ans, la petite auto du Débarquement est devenue grande par BONATO Jean Marc
Jeep a 75 ans. La petite marque américaine se rendit célèbre par son engin qui fit le Débarquement en Normandie, pour libérer les alliés victime de l’Allemagne nazie.
Rien ne prédisposait Jeep à devenir une grande marque automobile, à l’échelle mondiale. A l’été 1940, tout part d’une commande du gouvernement américain : il veut disposer d’un engin pratique, solide, passe-partout, capable d’affronter tous les terrains en transportant hommes et matériel. Le but ? Aider l’Angleterre dans la Deuxième Guerre mondiale.
D’abord rustique et militaire
Cette définition de voiture était totalement nouvelle : dans la construction automobile, il n'existait pas de voiture tout-terrain. Les engins de guerre ? Soit des véhicules de combat – chars et blindés –, soit des camions, souvent énormes. Mais aucune petite auto capable de passer partout.
L’État américain voulait avant tout une auto basse et légère. Trois projets furent déposés. Celui de la future Jeep remporta la décision du gouvernement. Et ce fut elle qui accosta, par milliers, sur les cotes normandes, lors du fameux Débarquement du 6 juin 1944.
L’auto était rustique à souhait ; lente et rétive sur route. Mais elle « grimpait aux arbres » et était infatigable. Elle fonda la réputation de la marque
L’État américain voulait avant tout une auto basse et légère. Trois projets furent déposés. Celui de la future Jeep remporta la décision du gouvernement. Et ce fut elle qui accosta, par milliers, sur les cotes normandes, lors du fameux Débarquement du 6 juin 1944.
L’auto était rustique à souhait ; lente et rétive sur route. Mais elle « grimpait aux arbres » et était infatigable. Elle fonda la réputation de la marque
Destinée inattendue
75 ans plus tard, Jeep est une marque avec une gamme complète. Elle reste composée uniquement de tout-terrain ; mais en battant tous les records mondiaux dans le domaine. Avec 1, 238 millions d’autos produites l’an denier, Jeep fabrique trois fois plus de voitures que Land Rover, l’autre spécialiste mondial du genre. Et la marque prévoit d’atteindre le cap des deux millions d’ici 2019 !
Itinéraire chahuté
Mouvementée, l’histoire de Jeep ? Vous croyez ? La marque perdit son indépendance dès 1953, en étant vendue au – petit – constructeur américain Kaiser, qui fait faillite 3 ans après. Jeep est reprise par American Motors ; qui est racheté par Renault (oui, oui !) en 1980. Mais American Motors est à son tour racheté par Chrysler en 1987. Et Chrysler-Jeep est vendu à Mercedes en 1998. Puis enfin revendu à Fiat en 2009. Aujourd’hui, oui : les Jeep sont… italiennes !
LA SAGA DE JEEP
1944, CJ : la Jeep des débuts
LE modèle typique de Jeep, c’est LA Jeep. Celle de la guerre. Elle a été produite à l’identique (ou presque) pendant 45 ans, jusqu’en 1986. Directement issue du modèle militaire, elle est archaïque à souhait, et vous réserve une conduite rugueuse, qui exige de la poigne. Dépasser les 60 km/h sur route devient acrobatique. Son moteur 100% rustique lui permet de réaccélérer dès 15 km/h en 4ème. Et les capacités de franchissement en terrain difficile sont ébouriffantes. Vers sa fin de carrière (1986), elle était devenue d’un archaïsme indécent…
1948, Jeepster : pour les fermiers du far-west
Mi-utilitaire, mi-voiture de tourisme, ce curieux engin dont la ligne déjà en 19489 paraissait rétro ( !! ). C’était un croisement génétique contre nature entre un cabriolet, un véhicule baroudeur et une voiture de sport. Aujourd’hui, il intrigue et déchaine l’enthousiasme de quelques passionnés.
1974, Cherokee : le pionnier des SUV
Les SUV d’aujourd’hui (mix entre vrai tout-terrain et break familial) doivent beaucoup à ce Cherokee. Certes, il conservait ses 4 roues motrices ; mais sa vocation était familiale. Surtout en version 5 portes, à partir de 1977.
1978, Golden Eagle : quelle frime !
La discrétion, ce n’est pas son truc ! Lui, c’est plutôt le côté « tous muscles dehors » qui l’intéresse. C’est une version « décorée » du Cherokee. Cette appellation est reprise pour toutes la gamme, sur des exécutions démonstratives.
1984, le Cherokee moderne arrive
C’est la pleine période Renault. Et ce sont les ingénieurs français qui vont développer ce « nouveau Cherokee ». Les ingénieurs français voient les choses à l’échelle européenne : par rapport au précédent, il est plus court de 50 cm, plus étroit de 15 cm, moins haut de 10 cm et moins lourd de 500 kilos. Il a été le premier tout-terrain à châssis intégré, pour de meilleures qualités routières. Ce sera un très grand succès, jusqu’en 2001 (et 2013 en Chine).
1987, la CJ se mue en Wrangler
La Jeep des débuts fait enfin sa mue ! La nouvelle se nomme Wrangler. Elle reprend exactement le même style, mais est 40% plus volumineuse. Et – heureusement – elle se modernise. A partir de 2007, elle va même exister en version longue, avec 4 portes. Mais elle conserve son âme de tout-terrain pur et dur assez pour qui le confort n’est pas une priorité.
2011, le Grand Cherokee continue la tradition
C’est le modèle le plus familial et le plus volumineux de la gamme. Héritier des anciens Wagoneer, il vise clairement le standing et le luxe. L’actuel, restylé en 2014, repose sur une base Mercedes : il a été développé à l’époque où Mercedes était propriétaire de Chrysler-Jeep.
2014, la Renegade arrive en renfort
Logique industrielle de groupe : ce petit tout-terrain (disponible aussi en traction avant) repose sur la même base que le Fiat 500 X. Mais il a bien les gênes esthétiques maison. Et, en version 4 X 4, il s’aventure sans problème sur les pentes défoncées.
2016, Trailcat : un monstre pour fêter les 75 ans
Pour fêter ses 3/4 de siècle, Jeep a concocté ce prototype aguicheur et costaud. Un baroudeur très démonstratif, qui n’hésite pas à montrer ses muscles. Au programme : un moteur hypertrophié de 707 chevaux, des roues énormes et un boucan façon bête en furie. Mais il restera un exemplaire unique.
Par Jean Marc BONATO
Commentaires
Enregistrer un commentaire